vendredi 2 mars 2012

Harper et Poutine

À son origine, le conservatisme était l’idéologie des partisans de la monarchie, ceux qui luttaient contre les assauts démocratiques de la bourgeoisie libérale. Au début du 19e siècle, lorsque le Québec et l’Ontario étaient des colonies de l’Empire britannique, les conservateurs formaient une clique autour des gouverneurs : c’était le Family Compact d’une part, et la Clique du Château d’autre part. Au Canada-Uni, formé en 1840, de la fusion du Haut-Canada et du Bas-Canada, la même aristocratie s’était reformée autour du Gouverneur général. Lorsque les libéraux prirent le pouvoir dans la mère-patrie, et qu’ils donnèrent l’instruction au Gouverneur général de former un gouvernement démocratique au Canada, il y eut bien de la résistance. Les conservateurs ont subi la démocratie imposée de Londres.

À la fin du XIXe siècle, les Conservateurs se méfiaient
de la démocratie et jouaient la carte de l'attachement à la
Couronne britannique.
Les Conservateurs (avec un grand C, ceux du parti du même nom) se méfiaient de la démocratie. Mais la chance fut de leur côté. Au moment de rédiger la constitution fédérale de 1867, ils faisaient partie de la coalition au pouvoir, celle de John A. MacDonald, George-Étienne Cartier et George Brown. Ils avaient comme seuls adversaires les Rouges d’Antoine-Aimé Dorion, qui combattaient le caractère centralisé et antidémocratique de la nouvelle constitution. MacDonald avait manœuvré jusqu’à la dernière minute pour s’assurer que le gouvernement d’Ottawa détienne entre ses mains le plus grand pouvoir possible. À l’encontre des provinces, il avait le pouvoir de désaveu. Contre la Chambre des communes, le gouvernement contrôlait un sénat non élu. Bien entendu, il refusa de soumettre le projet constitutionnel au peuple. La seule colonie qui dut affronter l’opinion avant l’entrée en vigueur de l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique, le Nouveau-Brunswick, a élu un gouvernement hostile à l’union fédérale. Les Conservateurs durent organiser un coup d’État camouflé pour aller de l’avant.

Sous Poutine, la démocratie russe n'est qu'une façade.
Bien sûr, c’était il y a un siècle et demi. Les temps ont changé. Une fois implantées, les mœurs démocratiques ne sauraient être remises en question, sinon dans quelque pays n’ayant jamais vraiment connu la démocratie. Prenons la Russie de Poutine par exemple : élections législatives arrangées, contrôle des médias. Rien de tout cela ne risque d’arriver dans le Canada de Harper. Bien sûr que non… On est loin de l’époque où les Conservateurs défendaient la monarchie…

Avec Harper, on célèbre davantage la monarchie que la démocratie.

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