mardi 15 novembre 2011

Indépendantistes non pratiquants

Au cours des dernières années, des études ont démontré qu'un grande majorité des personnes qui s'identifiaient comme catholiques au Québec étaient non pratiquants. En fait, plusieurs d'entre eux ne croient pas à un bon nombre de dogmes du catholicisme. Certains sont carrément non-croyants. Pourtant, ils se disent catholiques. Les experts en sciences des religions nous expliquent que pour ces personnes, la religion a une fonction culturelle. Elle sert de marqueur identitaire.

Le 15 novembre 1976

Il y a 35 ans aujourd'hui, les Québécois élisaient pour première fois un parti indépendantiste. Ils ont remis au pouvoir  18 ans plus tard. Selon la règle de l'alternance, qui n'est pas un absolu, son tour devrait revenir en 2012. Mais cela n'arrivera pas. Le Parti Québécois se fait doubler par un parti politique qui propose de mettre l'indépendance de côté. Pas au profit de l'autonomie. Non. La Coalition Avenir Québec veut décréter un moratoire sur les changements constitutionnels. Histoire de régler les problèmes du Québec.

Cherchez l'erreur...

Premièrement, chacun sait qu'un partie des problèmes du Québec tirent leur origine de son statut politique. Peut-être faudrait-il refaire la pédagogie de la question nationale. Mais il y a pire. Près de 40% des Québécois se disent indépendantistes. Pourtant, un bonne part d'entre eux s'apprête à voter pour le nouveau parti. Cela fait d'eux des indépendantistes non pratiquants.

Comment expliquer cette incohérence?

Est-ce les échecs des référendums de 1980 et 1995, qui ont été suivis de formidables rebuffades d'Ottawa, qui sont la cause de cette lassitude? Ou alors, la « demande » pour la souveraineté ne serait-elle pas en train de se tarif faute d'une « offre » crédible. Autrement dit, que font les leaders du Parti Québécois, ou même de Québec solidaire, pour faire avancer le Québec vers la souveraineté?

Quand le Pape et les évêques semblent avoir perdu la foi, comment peut-on croire que les fidèles croient encore?

samedi 12 novembre 2011

La paix et la mondialisation (1) La mondialisation économique

Le « Jour du Souvenir », ou de l’Armistice, commémore la fin de la Der des Ders, le 11 novembre 1917. Plus jamais, l’humanité ne devait connaître les affres de la guerre. Et pourtant…

Alors, en ce 11e jour du 11e mois de 2011, j’ai porté le coquelicot rouge, celui qui nous rappelle le sacrifice des soldats, et ma compagne le nouveau coquelicot blanc, à la mémoire de toutes les victimes de la guerre. Car il faut se souvenir de l’horreur pour éviter qu’elle se reproduise. Je sais que c’est cliché, mais c’est un historien qui vous le dit!
Nous, nationalistes québécois, éprouvons un malaise lorsque vient le moment de parler de la guerre et de l’armée. Les Canadiens français, puis les Québécois francophones ont une tradition neutraliste, isolationniste et pacifiste qui remonte à la Guerre de Conquête (la Guerre de Sept ans). Les pressions de l’idéologie impérialiste qui enflammèrent le Canada anglais au tournant du XXe siècle ont entraîné le Canada dans des conflits qui ne le regardait pas ou très peu (Guerre des Boers en Afrique du Sud, réarmement de la marine de guerre britannique, Première Guerre mondiale). Pas plus que les Américains, nous nous sentions concernés par les antagonismes du vieux continent. De plus, l’armée canadienne ne nous attirait pas, car on n’y parlait presqu’exclusivement que l’anglais. Elle était un foyer d’assimilation.

Puis, vint la Seconde Guerre mondiale. Malgré notre opposition traditionnelle à la conscription pour service outre-mer (nous n’avions pas d’objection à défendre le territoire canadien), nous nous sommes finalement rendus compte que le combat des Alliés était juste. On a même pardonné au premier ministre canadien, Mackenzie King, d’avoir imposé la conscription en toute fin de conflit, malgré ses nombreuse volte-face : « Pas de conscription », « La conscription si nécessaire, mais pas nécessairement la conscription », et enfin « Aussi peu de conscription que possible ».
Mackenzie King, ex-premier ministre du Canada
Les historiens ont revisité la contribution des Francophones à l’effort de guerre du Canada au cours du XXe siècle. Oui, il y a eu beaucoup moins d’enthousiasme au Québec qu’au Canada anglais – après tout, le Canada français, tout comme les États-Unis, était détaché de l’Europe depuis le milieu du 18e siècle. Mais non, les Canadiens français n’étaient pas des traîtres. Beaucoup se sont enrôlés volontairement, comme le futur premier ministre Paul Sauvé. Et d’autres, hommes et femmes, se sont acquittés de leur contribution par leur travail sur le sol canadien.
Paul Sauvé, ex-premier ministre du Québec

Il reste encore quelques survivants de la Deuxième Guerre mondiale. Certains témoignent encore dans nos écoles. Il existe aussi une nouvelle génération d’anciens combattants d’Afghanistan. Le souvenir de la guerre a fait de la plupart d’entre eux d’ardents pacifistes.

Le commerce mondial, un progrès?
« Le nationalisme, c’est la guerre », disait François Mitterrand, qui a lui-même vécu la Deuxième Guerre. Cela dépend évidemment du type de nationalisme. Cela dit, la construction de l’Union européenne avait comme objectif premier de rapprocher des peuples ennemis pour faire en sorte qu’ils n’aient plus intérêt à se battre entre eux. Autrement dit, la mondialisation des marchés sert d’abord et avant tout de rempart contre l’éruption d’un troisième conflit mondial qui serait sans doute le dernier, avec l’annihilation de la vie sur la Terre.
François Metterrand, ex-président de la France

Mais n’entendons-nous pas aussi que la mondialisation serait la mère de tous les mots? De la tyrannie des marchés sur les gouvernements démocratiquement élus jusqu’aux conséquences environnementales de la surconsommation : du transport de matières premières et de produits finis d’un bout à l’autre de la planète jusqu’à l’épuisement de ses ressources ? « De simples externalités, nous répondent nos amis les économistes. » Oui, des externalités, qui ne sont pas comptabilisées dans le prix demandés dans « le marché », et que l’on reporte sur les générations futures.
Nous serions donc face à un dilemme : il nous faudrait choisir entre disparaître par la guerre ou par le libre-échange. On me dira encore que je suis un sympathique commentateur pessimiste, que tout n’est pas si noir, et qu’il existe des solutions :
       
·        La crise financière? C’est une période de transition qui révèle une meilleure répartition de la richesse entre les pays émergent, empêchant un déplacement massif de la population vers le Nord.

·        La pollution et l’épuisement des ressources? Cela ouvre un tout nouveau marché aux technologies vertes : l’économie d’énergie et la valorisation des déchets.

·        Les changements climatiques? Question d’adaptation.
Bref, la mondialisation économique n’aurait pas de conséquences irréparables. Mieux, elle serait synonyme de progrès pour l’humanité. Rien de moins. Mince… Dois-je revoir toutes mes idées? Non. Pas encore. Tant à droite qu’à gauche, on se plaint des dérives de la mondialisation. Dans ses chroniques, Mathieu Bock-Côté relève le mouvement de « démondialisation », qui préconise le retour au nationalisme économique. Dans Survivre au progrès, le réalisateur Mathieu Roy nous rappelle que notre propension à consommer, un corollaire d’un commerce mondial en croissance, risque de se heurter aux limites de notre planète.

Mais peu importe la posture critique que l’on prendra contre le commerce mondial, qu’on préconise son ralentissement (position protectionniste) ou sa régulation à l’aide d’organisations internationales aux pouvoirs contraignants (position mondialiste), l’interdépendance économique est aujourd’hui telle que les pays du monde ont de moins en moins de raisons de s’attaquer à leurs voisins, car ceux-ci sont plus souvent des clients ou des fournisseurs que des concurrents.
La mondialisation économique est donc un facteur de paix, à condition qu’elle ne nous conduise pas à la ruine!