lundi 3 septembre 2012

125 élections régionales

Depuis 220 ans, notre mode de scrutin fait en sorte qu’on calcule les votes au niveau des circonscriptions. C’est le parti qui arrive le premier dans le plus grand nombre d’entre elles qui forme ensuite le gouvernement. Peu de systèmes électoraux fonctionnent encore de cette manière, mais c’est néanmoins celui à partir duquel, mardi, les votes se transformeront en sièges à l’Assemblée nationale.

C’est donc dire qu’on a beau avoir les yeux rivés sur la campagne des chefs et sur les sondages, c’est au niveau des circonscriptions où tout va se jouer. Après avoir supputé le pour et le contre des programmes, des personnalités, des circonstances, vous penchez pour un parti? Est-il dans la course dans votre patelin? ? Est-ce qu’un parti est déjà certain de l’emporter? Ou, au contraire, est-ce que c’est une course à deux, ou à trois?

Hier, le Journal de Montréal a dévoilé un dernier sondage Léger qui, comme le CROP du Soleil et de la Presse, montraient une avance du PQ dans quasiment la moitié des circonscriptions, ce qui pourrait produire un gouvernement minoritaire ou majoritaire. Tout se jouera dans les circonscriptions où la marge est évaluée actuellement à moins de 5 %. (Pour savoir si c’est chaud chez vous, cliquez ici!) C’est donc dire qu’il y a des endroits où « chaque vote comptera », comme le veut l’adage. Mais beaucoup ne se rendront pas aux urnes. Pourquoi?

Pourquoi ne pas voter?

Il y a une foule de raisons à première vue valables pour ne pas se rendre aux urnes mardi. Mais aucune n’est suffisante pour invalider le processus démocratique.

Raison 1. « Le mode de scrutin déforme la volonté des électeurs. Le gouvernement ne représentera qu’une partie de l’électorat. » Vous avez raison. Aujourd’hui, l’électeur ne pense pas à sa circonscription lorsqu’il vote, car les campagnes sont nationales. Si on additionne leurs votes au niveau national, il y a d’importantes distorsions entre le pourcentage de vote reçu par chaque parti et le pourcentage de sièges obtenus par chacun. Réplique : il faut voter pour un parti ouvert au changement et faire pression sur les élus pour qu’un nouveau mode de scrutin soit mis en place. 

Raison 2. « Mon vote ne change rien. » Vous avez sans doute raison. Il est rare qu’un seul vote change quoi que soit, bien qu’un score égal entre deux candidats soit possible. C’est par dizaines que les votes changent le cours des choses. Il y a des circonscriptions qui vont se décider par 10, 40, 100 voix. Réplique : Si vous ne votez pas, d’autres feront sans doute comme vous. Vous aurez laissé à ceux qui iront voter un choix qui conditionnera votre avenir comme citoyen.

Raison 3. « Qu’est-ce que cela va me donner à moi? » En notre ère individualiste, égoïste et matérialiste, un acte collectif tel que le vote nous semble bien inutile. Réplique : Vous avez raison, on ne vote pas pour soi, mais pour le bien commun.

Aparté : Les élections, un geste collectif
C’est fou comme le matérialisme et l’individualisme actuels nous ont fait perdre le sens d’appartenance à une collectivité. Le pouvoir du peuple n’est pas un pouvoir individuel. Il ne peut s’exercer qu’en groupe. Même si cela ne nous plaît pas, on fait partie de quelque chose de plus grand que nous. Appelons cela la nation, le corps électoral, un courant d’opinion ou un parti, il y a des fois où on doit se détacher de sa petite personne et prendre part à un mouvement collectif. Pour la plupart d’entre nous, pauvres mortels, la politique est un sport d’équipe.
C’est la même chose dans d’autres domaines. Prenons l’environnement. On n’arrivera jamais à sauver la planète en voyant nos comportements dans une perspective individuelle. Je sais que de récupérer une bouteille vide ne va sauver la planète. Mais je le fais justement pour cela. Ça fonctionnera si moi et mon voisin le faisons. Si les petits font leur petite part, et si les gros font leur grosse part. Si je ne le faisais pas parce que je trouve cela insignifiant, tout le système flancherait, car les autres aussi se diront: « pourquoi je le ferais si lui ne le fait pas ». L’individualisme tue! C’est vrai pour l’environnement, c’est vrai pour la démocratie!

Raison 4. « Pas question de donner de la légitimité à un gouvernement qui ne respectera pas ses engagements et/ou sera corrompu. » Autrement dit, voter, ça fait l’affaire des politiciens qui se justifient ensuite en disant qu’ils ont été élus démocratiquement. Réplique : c’est notre seule façon de nous débarrasser des pommes pourries.

Pourquoi pas aller voter?

En 2008, à  la suite d’un an et demi de gouvernement minoritaire libéral, la confiance en nos institutions était au plus bas. Qu’est-ce que les Québécoises et les Québécois ont fait? Quarante-trois pour cent se sont abstenus de voter et les 57 % qui l’ont fait ont reconduit un gouvernement qui est devenu un des plus impopulaires de tous les temps.  
Question brutale:
Y aurait-il une guerre civile en Syrie si le pays était démocratique?

Mais au-delà des raisons défensives d’aller voter, il reste que cette bien imparfaite démocratie qui est la nôtre est objet de convoitise dans le monde entier. Nous avons l’occasion de lui redonner de la vigueur en participant aux élections. Rappelons-nous que le gouvernement, c’est nous, et que l’État est le seul instrument collectif au service du bien commun.

Bon vote!