mercredi 24 août 2011

Le monde selon Jack

La nouvelle de sa disparition est arrivée soudainement. Elle m'a surpris, mais pas étonné. L'état dans lequel il était lorsqu’il s'est adressé à nous le 25 juillet dernier m’avait laissé inquiet. Je doutais fort de son retour à temps pour la rentrée parlementaire d'automne. Mais de là à le penser si proche de la mort... Aujourd'hui, toute la classe politique, et une bonne partie de la population canadienne, est en deuil d'un homme exceptionnel. Le dernier paragraphe de sa lettre d'adieu nous révèle pourquoi:

« Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde. » (Pour le texte complet, cliquez ici, mais n’oubliez pas de revenir!)
On retrouve ici toute sa foi dans l'action collective au service du bien commun. Un antidote contre la désillusion ambiante qui plombe actuellement la plupart des partis politiques. Il nous a dit que tout était encore possible, à condition de sortir de notre égoïsme et de notre individualisme. Toute sa personne respirait cette confiance en l'avenir. C'était la recette de son succès politique. Une telle attitude de leadership, à l'heure de la rationalisation de l'État et de la gestion de la décroissance gouvernementale, a mobilisé beaucoup d'électeurs désemparés. Espérons que ces paroles inspireront le prochain leader de son parti. Ce seront « de grands souliers à chausser », comme le dit l'expression calquée sur l'anglais, que celles de Jack Layton. En fait, la barre sera trop haute : quelqu'un prendra sa place, mais Jack Layton ne sera jamais remplacé.


Jack Layton et Olivia Chow

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Les dernières paroles de Jack Layton me rappellent celles de Jean Paul II - oui! le Pape! - à l'intention de ses compatriotes polonais qui luttaient contre la dictature « N'ayez pas peur, changez la face du monde! », lors de son premier voyage à Varsovie en juin 1979. Bon, d'accord... Le régime de Stephen Harper n'est pas celui Edward Gierek. Et je ne partage pas la plupart des idées de Jean Paul II non plus. Mais c’est le même message d’espoir.

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Un autre souvenir, plus récent celui-là, m'est également inspiré par la disparition inopinée de Jack Layton. Le 27 octobre dernier, ma compagne et moi étions à Buenos Aires le jour de la mort subite de Néstor Kirchner, ex-président de l'Argentine, lui aussi né en 1950. Kirchner est reconnu comme le leader politique qui a sorti l'Argentine du marasme économique. À la fin de son premier mandat, il ne s'est pas représenté pour soigner un problème cardiaque. Son épouse, Cristina Fernandez de Kirchner, lui a succédé pour un mandat. Elle devait lui laisser la place au mandat suivant. Et pan! Crise cardiaque. L'espoir du retour de Kirchner, comme celui de Layton, fut abattu en plein vol.

Néstor Kichner et Cristina Fernandez
La nouvelle du décès de Kirchner, comme celle de Layton, s'est répandue instantanément dans tout le pays. Coïncidence, c'était le jour du recensement national et tout était fermé jusqu'à 18 h. Mais là, sur la Plaza de Mayo, quel rassemblement de péronistes! Nous y avons partagé le deuil des Argentins, un peuple de gens engagés.


Des fleurs pour Néstor

Des fleurs pour Jack
Le lendemain matin, l'ex-président était exposé en chapelle ardente dans la Casa Rosada, le palais présidentiel. Son épouse Cristina, sa sœur, son fils et sa fille ont veillé le cercueil toute la journée et reçu les condoléances des chefs d'État latino-américains pendant que défilait devant eux le peuple endeuillé qui leur criait des mots d'encouragements.
Nous avons pu entrer vers 23 h 30, mais avions raté de peu Hugo Chavez du Venezuela et Lula da Silva, encore à la tête du Brésil. Dehors, le parterre du palais était couvert de fleurs. Tout comme l'est aujourd'hui celui du domicile de Jack Layton.

Fuerza Cristina Fernandez.

Fuerza Olivia Chow.

1 commentaire:

  1. Bon parallèle, même si le pauvre Jack n'aura jamais dirigé le pays.
    Robert Verge

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