C’est donc dire qu’on a beau avoir les yeux rivés sur la
campagne des chefs et sur les sondages, c’est au niveau des circonscriptions où
tout va se jouer. Après avoir supputé le pour et le contre des programmes, des
personnalités, des circonstances, vous penchez pour un parti? Est-il dans la
course dans votre patelin? ? Est-ce qu’un parti est déjà certain de l’emporter?
Ou, au contraire, est-ce que c’est une course à deux, ou à trois?
Hier, le Journal
de Montréal a dévoilé un dernier sondage Léger qui, comme le
CROP du Soleil et de la Presse, montraient une avance du PQ dans quasiment
la moitié des circonscriptions, ce qui pourrait produire un gouvernement
minoritaire ou majoritaire. Tout se jouera dans les circonscriptions où la
marge est évaluée actuellement à moins de 5 %. (Pour savoir
si c’est chaud chez vous, cliquez ici!) C’est donc dire qu’il y a des
endroits où « chaque vote comptera », comme le veut l’adage. Mais
beaucoup ne se rendront pas aux urnes. Pourquoi?
Pourquoi ne pas voter?
Il y a une foule de raisons à première vue valables pour ne
pas se rendre aux urnes mardi. Mais aucune n’est suffisante pour invalider le
processus démocratique.
Raison 1. « Le mode de scrutin déforme la volonté
des électeurs. Le gouvernement ne représentera qu’une partie de
l’électorat. » Vous avez raison. Aujourd’hui, l’électeur ne pense pas à sa
circonscription lorsqu’il vote, car les campagnes sont nationales. Si on
additionne leurs votes au niveau national, il y a d’importantes distorsions
entre le pourcentage de vote reçu par chaque parti et le pourcentage de sièges
obtenus par chacun. Réplique : il faut voter pour un parti ouvert au
changement et faire pression sur les élus pour qu’un nouveau mode de scrutin
soit mis en place.
Raison 2. « Mon vote ne change rien. » Vous
avez sans doute raison. Il est rare qu’un seul vote change quoi que soit, bien
qu’un score égal entre deux candidats soit possible. C’est par dizaines que les
votes changent le cours des choses. Il y a des circonscriptions qui vont se
décider par 10, 40, 100 voix. Réplique : Si vous ne votez pas, d’autres
feront sans doute comme vous. Vous aurez laissé à ceux qui iront voter un choix
qui conditionnera votre avenir comme citoyen.
Raison 3. « Qu’est-ce que cela va me donner à moi? »
En notre ère individualiste, égoïste et matérialiste, un acte collectif tel que
le vote nous semble bien inutile. Réplique : Vous avez raison, on ne vote
pas pour soi, mais pour le bien commun.
Aparté :
Les élections, un geste collectif
C’est
fou comme le matérialisme et l’individualisme actuels nous ont fait perdre le
sens d’appartenance à une collectivité. Le pouvoir du peuple n’est pas un
pouvoir individuel. Il ne peut s’exercer qu’en groupe. Même si cela ne nous plaît
pas, on fait partie de quelque chose de plus grand que nous. Appelons cela la
nation, le corps électoral, un courant d’opinion ou un parti, il y a des fois
où on doit se détacher de sa petite personne et prendre part à un mouvement
collectif. Pour la plupart d’entre nous, pauvres mortels, la politique est un
sport d’équipe.
C’est
la même chose dans d’autres domaines. Prenons l’environnement. On n’arrivera
jamais à sauver la planète en voyant nos comportements dans une perspective individuelle.
Je sais que de récupérer une bouteille vide ne va sauver la planète. Mais je le
fais justement pour cela. Ça fonctionnera si moi et mon voisin le faisons. Si
les petits font leur petite part, et si les gros font leur grosse part. Si je
ne le faisais pas parce que je trouve cela insignifiant, tout le système
flancherait, car les autres aussi se diront: « pourquoi je le ferais si lui
ne le fait pas ». L’individualisme tue! C’est vrai pour l’environnement, c’est
vrai pour la démocratie!
Raison 4. « Pas question de donner de la
légitimité à un gouvernement qui ne respectera pas ses engagements et/ou sera
corrompu. » Autrement dit, voter, ça fait l’affaire des politiciens qui se
justifient ensuite en disant qu’ils ont été élus démocratiquement. Réplique :
c’est notre seule façon de nous débarrasser des pommes pourries.
Pourquoi pas aller voter?
En 2008, à la suite
d’un an et demi de gouvernement minoritaire libéral, la confiance en nos
institutions était au plus bas. Qu’est-ce que les Québécoises et les Québécois ont
fait? Quarante-trois pour cent se sont abstenus de voter et les 57 % qui l’ont
fait ont reconduit un gouvernement qui est devenu un des plus impopulaires de
tous les temps.
Question brutale: Y aurait-il une guerre civile en Syrie si le pays était démocratique? |
Mais au-delà des raisons défensives d’aller voter, il reste
que cette bien imparfaite démocratie qui est la nôtre est objet de convoitise
dans le monde entier. Nous avons l’occasion de lui redonner de la vigueur en
participant aux élections. Rappelons-nous que le gouvernement, c’est nous, et
que l’État est le seul instrument collectif au service du bien commun.
Bon vote!
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