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Source: Musée McCord de Montréal |
Mêlez-vous de vos
affaires!
Le « ça » dont parlait cette citoyenne, qui a
autant le droit de voter que vous et moi, c’est la politique, c’est-à-dire les
affaires de la nation. À moins de croire, comme les libertariens, que le salut est
dans un individualisme absolu, nous avons besoin d’un gouvernement pour arbitrer
entre les intérêts particuliers, pour éviter que certains se laissent aller à
leurs mauvais penchants, pour protéger le faible contre le fort, pour veiller à
l’intérêt national et au bien commun. L’être humain est un animal social.
Et si le citoyen ne s’intéresse pas aux affaires de l’État,
quelqu’un va s’en occuper pour lui. Le gouvernement ne s’occupera que du bien
de quelques-uns et non du bien commun. Ai-je besoin de vous faire un dessin? La
classe politique ne sera bientôt faite que d’une bande d’arrivistes voulant
dilapider le trésor public au profit de leur petits-z’amis. Et ce sera de notre
faute. Une population éduquée, attentive et participante est garante d’une saine
démocratie. Pour ceux et celles qui aiment encore tenir un livre dans leurs
mains, je
conseille La démocratie, c’est l’affaire
de tous, de l’ex-député Yvan Bordeleau
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Montréal, Éditions Liber, 2012, 296 p. |
Ailleurs, on meurt
pour des élections
Vous pensez peut-être que je ressors ici un vieil argument
moral : « Voter est un devoir. Des milliers de gens sont morts pour
le droit de vote ». Quoi que vous en pensiez, cela est un fait
indiscutable encore aujourd’hui. Il faut avoir la mémoire très courte pour ne
pas se rappeler du « Printemps arabe » : des milliers de morts et
des milliards de dollars de dommages pour se débarrasser de gouvernements
corrompus ou sanguinaires en Tunisie, en Égypte, en Libye et au Yémen. Seul le
Bahreïn a résisté à la vague révolutionnaire, et ça continue en Syrie.
Là où ces mouvements ont réussi, la démocratie est fragile. En
effet, rien n’est gagné dans la plupart de ces pays. Et cela ne se limite pas
au Moyen-Orient : depuis la chute du Mur de Berlin, la Russie a gagné la
démocratie pour la perdre de nouveau. Nous-mêmes la tenons pour acquise, mais elle
peut rapidement nous échapper. Je ne vous ai pas encore parlé de la loi 12
(projet de loi 78) du printemps dernier, car cela fera justement partie du
débat électoral.
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Le premier débat de l'assemblée législative du Bas-Canada, en 1792, portait sur l'élection du président. |
Ici, depuis 1792, soit 220 ans, nous sommes appelés à
demander des comptes à nos dirigeants tous les cinq ans tout au plus, et à les
remplacer au besoin. La démocratie québécoise est plus vieille que le Canada
lui-même. Rappelons-nous les paroles de Churchill, en 1947, à la Chambre des
communes de Londres : « La démocratie est le pire système de
gouvernement, à l'exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés
dans l'histoire. » A-t-on le droit de parler d’une campagne électorale
comme d’une nuisance? Je suis convaincu que nous devons notre prospérité et
notre sécurité à cette capacité que nous avons de régler pacifiquement les
conflits, notamment par la voie électorale.
Pourquoi des
élections maintenant?
Dès les premières rumeurs, certains se sont plaints du déclenchement
d’élections durant l’été. Or, les élections estivales ont été la norme plutôt
que l’exception durant le XXe siècle. Elles sont préférables à des élections
hivernales, soumises aux caprices de dame nature. Et à tout prendre, c’est la
période idéale : Jeux olympiques mis à part, elles ont toute notre
attention. Et le nouveau parlement pourra se réunir comme prévu en octobre.
Ainsi, le gouvernement n’essaie pas de nous en passer « une
vite ». Nous serons inondés d’information. M. Charest a agi
maintenant pour deux raisons : la reprise le lundi 17 septembre des
audiences de la Commission Charbonneau « sur l’octroi et la gestion des
contrats publics dans l’industrie de la construction », pourrait mettre le
Parti libéral dans l’embarras et, disons-le, le Parti Québécois dans une
moindre mesure. Mais surtout, le premier ministre entend profiter des
perturbations qui ne manqueront pas d’accompagner la reprise de la session d’hiver
dans les cégeps et les universités à partir du 13 août. En fait, la CLASSE est
la bouée de secours de M. Charest. Je vous renvoie à mes billets en vous
disant « je vous l’avais bien dit ». Je suis flagorneur, mais cela ne
m’empêche pas de trouver cela pitoyable.
*
* *
La campagne électorale sera brève. Seulement 32 jours. Même
si j’en passerai très exactement la moitié au Mexique, je ne pourrai me retenir
de la commenter dans ce blogue. De toute façon, les campagnes se font
maintenant dans les médias, dans Internet et dans les réseaux sociaux. Au
programme : les limites de la démocratie de représentation, le façonnement
de l’opinion publique, le rôle des médias sociaux, les motivations des
politiciens, les enjeux de cette élection et bien autres choses.
Entretemps, si vous êtes de ceux et celles qui suivent l’actualité,
je vous conseille de passer le test
de la boussole électorale de Radio-Canada. Vous pourriez avoir des surprises :
en mai 2011, j’étais classé comme un libéral fédéral! À suivre...
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