C’est cette manière cynique de pratiquer la politique qui
provoque la désaffection de la population et en éloigne notamment les femmes. Cette
culture politique est incrustée depuis longtemps dans la manière d’agir de nos
partis politiques et de nos parlementaires. Elle se nourrit de la partisannerie.
Notre système parlementaire est composé d’hommes et de femmes, surtout des
hommes, soumis à une trop grande discipline de partis. Selon la personnalité des personnes en
place et le contexte du moment, l’atmosphère devient souvent hostile. C’est à
ce moment que les plus virulents s’expriment sans retenue. Mes premiers
contacts avec ce phénomène datent de trente ans, lorsque j’étais stagiaire à la
Chambre des communes, durant le premier mandat des conservateurs de Mulroney.
Il était impossible d’entendre les orateurs pendant la période de questions,
car on s’envoyait des invectives des deux côtés de la Chambre. Il fallait utiliser
les écouteurs et encore, on percevait les cris de ceux qui interrompaient la
personne qui avait la parole.
Pour revenir à « joute politique », si elle
consiste à faire preuve d’éloquence pour convaincre de ce qui qu’on considère
comme la bonne marche à suivre pour résoudre des problèmes, bravo! On appelle cela du leadership. Mais on
voit cela de moins en moins souvent. Trop de politiciens emploient un double langage
pour cacher les enjeux et dissumuler leurs véritables raisons d’agir ou de ne pas agir. C’est ce que le
Dr Barrette a fait, et il a même semblé s’en vanter. Il s’est par la suite
excusé à contrecœur du langage qu’il a employé, mais jamais de son manque de
transparence.
Le ministre de la Santé explique sa conception de la politique à la députée de Taillon. |
Avons-nous compris quelque chose de l’enjeu qui était
débattu avec Diane Lamarre? Non. Il n’est dès lors pas étonnant que des citoyens
et des citoyennes se tournent vers les mouvements populistes qui veulent
renverser les « vieux partis ». Cette attitude dévalorise la politique, un mécanisme qui est pourtant essentiel à la
résolution démocratique des conflits au sein d’une nation. Est-ce qu’à force de
couper la capacité de l’État depuis trente ans, la classe politique a renoncé à
être autre chose que de pugilistes dans « joute virulente »?
Il n’est guère étonnant que la culture politique antagoniste
qui est le résultat de notre système politique ultra partisan soit rebutante
pour beaucoup de femmes. Elle l’est pour un grand nombre d’hommes aussi. Lise
Payette l’a dénoncée il y a déjà très longtemps. Pour faire partie du pouvoir,
il faut agir comme les hommes politiques le font depuis très longtemps. Or, ce
ne sont pas les femmes en politique qui devraient s’adapter, ce sont les hommes qui
doivent changer. La présence de plus de femmes en politique n’est pas seulement
une question d’équité. Il en va également d’une culture politique plus saine.
Suis-je naïf, Docteur, ou peut-être féministe ?